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Patagonia to Alaska
21 mars 2016

Traversée du Lipez

Nous faisons à présent cap au sud, en direction d'Uyuni et de son salar. Nous trouvons la ville minière de Potosi qui se trouve à mi-chemin bien sinistre et décidons de ne pas nous y arrêter. Par empathie et respect peut-être aussi pour les ouvriers qui se meurent à petit feu à l'intérieur de ses mines. Leur travail consiste à excaver la roche à la main et à la dynamite dans l'obscurité de galeries remplies de gaz toxiques et par une température oscillant entre 0 et 45 degrés, cela plus de 12 heures par jour. Accepter ce travail c'est fixer la date de sa mort 15 ans plus tard pour les plus chanceux, victimes de maladies pulmonaires.

Chemin faisant, nous prenons en stop une vieille bergère de l'altiplano pour rompre la monotonie du voyage. Par chance, elle ne parle pas seulement quechua mais aussi castillan (et pas espagnol, je me suis fait assez sévèrement reprendre pour m'en souvenir!), ça peut aider pour limiter les blancs!

Puis la vue d'Uyuni, ville poussiéreuse échouée aux confins du désert s'offre enfin à nous. Nonobstant, nous y mangeons la meilleure pizza d'Amérique du Sud (et c'est pas moi qui le dis).
Le réveil du lendemain matin sonne le départ d'une aventure épique de 5 jours entre le salar de Uyuni et Atacama où nos documents définitifs pour le véhicule nous attendent. Cet itinéraire d'environ 500km entre 3600 et 4900 mètres d'altitude sur pistes tantôt sablonneuses tantôt rocailleuses quand elles existent sont la chasse gardée des imposants 4x4 des tours operators. C'est donc les mains moites agrippées au volant et le pied tremblant sur la pédale de notre traction arrière que nous nous lançons à l'assaut du Lipez. Premier écueil, premier embourbement. Heureusement, les bolides que nous tentons bien illusoirement de suivre histoire de se sentir un peu moins seuls sont encore là et nous sortent de ce faux-pas.
La traversée du salar, étendue de 12'000 mètres carrés assurant une réserve de 10 milliards de tonnes de sel est surréelle! Les paysages grandioses s'enchaînent et on s'en met plein les yeux! Enfin... Audrey. Les miens restent rivés sur la route ce qui ne suffit pas à éviter de nous enliser à quelques reprises. Nous n'avons ni pelle ni plaque de désensablement. Qu'à cela ne tienne, une assiette nous tire a chaque fois d'affaire.
Le jour suivant est celui de l'anniversaire d'Audrey. Qu'il s'agisse de cette date symbolique ou des paysages rencontrés le long du ferrocarill, une ancienne voie de chemin de fer désaffectée, cette journée est chargée en émotions.
Durant la nuit, il gèle dans le bus. Guillaume a le mal des montagnes et nous ne tardons donc pas à décamper. Bien nous en prit car une journée plutôt harassante nous attend. Un tantinet intrépides, nous suivons une piste trop généreuse en dunes à notre goût. A maintes reprises, nous nous enlisons. Il nous faut à chaque fois fournir un effort considérable pour s'en sortir en raison de l'altitude et du soleil brûlant. Les paysages sont hypnotisants et angoissants à la fois. Nous nous sentons terriblement seuls dans ces immenses étendues de sable et de caillasse. Rester coincés dans ce no man's land à cette altitude et par ce froid nocturne est impensable. Se sortir de ce pétrin est donc une question de vie ou de mort. Enfin, pas quand même mais presque! Nous n'étions d'ailleurs pas loin du renoncement, nos forces nous abandonnant mais c'était sans compter les prouesses insoupçonnées de notre van que nous poussons dans ses derniers retranchements. C'est ainsi que nous rejoignons Laguna Colorada où nous voyons nos efforts récompensés par un décor sans pareil. Vaincus par le sommeil, nous rejoignons Morphée bercés par l'étrange mélopée des milliers de flamands roses peuplant la lagune.
Au matin, nous reprenons la piste jusqu'à Laguna Verde. Nous revoyons notre orgueil de la veille à la baisse quand nous croisons des cyclistes empruntant le même itinéraire que nous. Nous restons cois devant une entreprise aussi téméraire!
Nous roulons toute la journée à 4800 m d'altitude. Hommes et machine en souffrent mais la route - depuis laquelle nous contemplons le désert de Salvador Dali - est moins chaotique que la veille.  A notre arrivée à la lagune, Audrey, qui y était venue 10 ans plus tôt, peine à reconnaître les lieux. Elle est à moitié desséchée en raison de précipitation quasi inexistante. On connaît le coupable. San Pedro de Atacama n'est plus très loin à présent. Mais il aurait bien pu ne pas l'être. Le douanier, d'une méchanceté sans borne, refuse de nous faire les papiers du véhicule nous invitant, en nous renvoyant les documents à la figure, à nous rendre à une autre douane 70km en amont avant de revenir. Inconcevable. Je lui aurais bien refait les dents mais la diplomatie féminine - option finalement choisie - a un succès plutôt inespéré. Audrey revient à la charge les yeux embués de désespoir. L'odieux personnage se calme et accepte à titre d'exception d'honorer notre document de son paraphe. Nous arrivons enfin à Atacama, 10'000 km et deux mois après notre premier passage au terme d'une épopée que nous ne sommes pas prêts d'oublier.

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