Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Patagonia to Alaska
20 décembre 2016

Guatemala

Nous voici donc au Guatemala, au coeur du monde maya, qui s'est développé entre le sud du Mexique, le Guatemala, le Bélize et le Honduras environ 1000 ans avant JC, supplantant les Olmèques, pour décliner avec l'arrivée des Toltèques et des Aztèques puis s'éteindre sous le joug des Espagnols. L'histoire récente du pays, que la providence n'épargne pas davantage que ses voisins, peut se résumer ainsi : indépendance, république bananière, dictature, oligarchie, junte militaire, guérilla communiste, coup d'Etat fomenté par les USA, guerre civile, exactions, massacre et instrumentalisation des Indiens, corruption, narcotrafic, stabilité précaire. Autant de fertilisants à un paupérisme tenace.
Malgré 500 ans d'acharnement, de nombreux descendants des Mayas occupent encore certaines régions du pays, constituant la plus grande communauté indigène d'Amérique centrale. Ils ont su conserver leur culture, leurs langues vernaculaires et leurs traditions. Côté religion, ils ont mêlé leurs anciens rituels au dogme catholique, donnant lieu à un syncrétisme original. Leurs représentations les plus prégnantes demeurent toutefois celles de leurs ancêtres, qui s'identifiaient à "l'homme de maïs", proches de la terre et donc tributaires des sautes d'humeur de mère nature. Les caprices de cette dernière expliquent en partie la grande précarité actuelle de ces communautés. Leurs costumes et leurs marchés sont envers et contre tout les plus fleuris d'Amérique centrale, à tel point qu'il suffit de s'imaginer des lamas pour se croire en pays inca! On se demande même si le Guatemala ne s'est pas égaré en chemin. Pour sûr, cette extension du Pérou dans les Caraïbes tombe à pic, on commence justement à en être nostalgiques!

Nous choisissons notre premier point de chute un peu au hasard, à Monterrico en l'occurrence, au bord du Pacifique. Nous passons la nuit dans un centre de protection des tortues marines. Ici, on récupère les oeufs des femelles venues pondre sur la plage afin de les protéger jusqu'à leur éclosion.
Mesure plus que nécessaire lorsque l'on sait qu'un nouveau-né seulement sur mille devient adulte. Tandis que nous louons la quasi dévotion de leurs protecteurs, tout attendris par ces créatures si vulnérables, des locaux, aussi peu sensibles à cette cause que conscients d’être les premiers concernés, font crânement la course au volant de leur quad (pour une description plus approfondie du ressenti de l'auteur, se référer au paragraphe de l'article précédent s'y rapportant).
Nous découvrons ensuite la ville coloniale d'Antigua, combinaison des rues et de l'ambiance de Cuzco, de l'architecture de Cartagène et de la Plaza de Armas d'Arequipa. Elle s'est vaillamment relevée de deux séismes essuyés au XVIIIème qui avaient enseveli la capitale qu'elle était à cette époque. Les Espagnols l'ayant ensuite sagement déplacée, elle a pu conserver de très beaux restes. Nous allons aussitôt souper chez Christophe, un restaurateur vaudois qui propose des plats bien de chez nous. Un moment attendu depuis un certain temps déjà! Pour le coup, il n'est point question de modération et la généreuse fondue suivie de l'incontournable sorbet poire william (de chez Morand) nous vaut quelques coliques contre lesquels le bicarbonate s'avoue vaincu.
C'est donc l'estomac encore en état de choc après des mois d'un mono-régime à base de riz que nous partons à l'assaut du volcan Acatenango. Nous grimpatzons jusqu'à 3800m, altitude du bivouac. L'idée est d'assister au spectacle nocturne de l’éruption de son voisin le bien nommé (ou pas) Fuego. Manque de chance, coquin de sort, il a fallu qu'il ferme ses vannes - à dessein serait-on presque tentés de croire - peu avant notre arrivée. Guillaume digère cette déconvenue, c'est une tautologie de le dire, avec philosophie. Pour les photos du volcan dans toute sa splendeur et furie, vous êtes donc comme nous contraints de passer par une petite recherche internet.
Le lever de soleil, auxquels nous assistons emballés dans nos sacs de couchage (mazette, il fait une cramine en là!) vaut heureusement à lui seul le détour. Il réveille au passage chez Guillaume des réminiscences empruntes d'émotions de l'ascension du volcan El Teide aux Canaries avec les copains, quelques années plus tôt.

Au lac serti de volcans d'Atitlan, nous visitons les villages indiens qui le bordent. Les uns sont spécialisés dans la céramique, les autres dans le tissage. Toujours, nous retrouvons ces positions et ces gestes millénaires. Le marché de Solola, qui en possède tous les linéaments, est d'un pittoresque à rendre jaloux ses confrères andins. Les femmes, pas tout à fait callipyges et qui atteignent sur la pointe des pieds le nombril de Guillaume, jouent des coudes (bien placés) pour se frayer un passage dans une foule dense, ouvrant la route à leur mari, cow-boy par leur chapeau, indien par leur costume. Agiles et fluets comme des cabris, forts comme deux mules, les hommes portent sur le dos à la seule force du cotzon des charges qui les dissimulent totalement.
Nous sommes les seuls gringos et ce qui n'était en Suisse rien moins qu'un supplice pour Guillaume devient son attraction number 1 dans ce périple. Nous laissons sans grand regret de côté les villages annexés par les néo-babas-cool-bobos à la tête du très lucratif business "hippie". Les cours de danse transcendale, de reiki et de médiation zen, ce sera donc pour une autre fois.

Nous poursuivons notre pèlerinage des marchés en territoire Ixil, région montagneuse et reculée peuplée d’irréductibles indiens. Les Espagnols n’étant parvenus à soumettre ces inexpugnables habitants par les armes, ils chargèrent des missionnaires de le faire par la foi. Comme partout depuis en Amérique latine, la religion est ici omniprésente. Chemin faisant, une fête villageoise titille notre curiosité et nous décidons de nous arrêter. Il s'agit d'une cérémonie évangélique de bénédiction d'un dépôt de denrées alimentaires. Où comment unir le prosaïque au céleste. Nous arrivons en plein concert et c'est bien malgré nous que nous volons la vedette aux musiciens. Une bonne centaine d’ouailles se tournent vers nous simultanément, interdits pour les uns, amusés pour les autres. Nous partageons avec les enfants ce même sourire gêné. Heureusement, des hommes préposés à la popotte nous invitent cordialement à nous asseoir et insistent pour nous offrir le couvert. Des convives téméraires entreprennent alors la conversation, tout curieux. Echange bienvenu car l'ambiance est des plus étranges. Tout le monde reste assis, dans un silence quasi religieux. C'est un dépôt que leur piété a transformé en cathédrale. Loin de nos bacchanales et de nos coutumes païennes (paillardes ?), ici ni la bière ni le vin ne coule à flot et il ne semble y avoir aucun substitut à l'alcool pour délier les langues. Nous retrouvons parmi ces gens cette gentillesse spontanée et cette affabilité contenue car teintée de respect. Cette générosité désintéressée des individus les plus simples et les plus indigents (ou alors des Évangélistes? Cf. article En terre mapuche) est dans notre voyage une récurrence qui ne manque pas de nous émouvoir. Nous nous indignons toutefois vivement contre l'intolérance de ce mouvement de plus en plus répandu en Amérique latine à l'égard des religions primitives, qualifiées de paganes et d'idolâtres. Si leur Eglise était un ange, il lui manquerait une aile...

A Chichitenango, c'est l'église d'un blanc immaculé qui attire tout de suite notre attention. Construite au début du XVIème siècle sur le socle d'un temple maya, elle atteint un syncrétisme parfait (bel oxymore). Les cultes mayas et catholiques (qui, lui, tolère les anciennes croyances) se sont superposés dans la brique et fondus dans les âmes. Les fidèles, enveloppés dans un voile d'encens, hiératiques, s'y recueillent suivant des rites précolombiens sur un rythme de tam-tam frénétique. On est plus proche d'Incas dans un temple bouddhiste que de pratiquants catholiques romains dans leur église.
C'est dimanche et chaque village de l'altiplano est en effervescence. C'est au marché de Santa Cruz de Quiché que nous prenons notre frugal almuerzo constitué de frijoles et de tortillas de maïs (évidemment).
Dans le pays en général, dans cette région en particulier, l’école est en état de délabrement. Mais peut-on seulement dire d'un édifice qui n’a jamais possédé la moindre brique qu'il est en ruine ? Peuples enchaînés au boulet de la misère et de l'ignorance : fatalité ou inertie intentionnelle de leur gouvernement et stratégie insidieuse des organismes internationaux ? Là où les églises (évangélistes en tête) sont plus nombreuses que les écoles, là où les enfants ne sont pas implicitement des élèves, là où prédicateurs et instituteurs sont à peine plus érudits que leurs public, ne sommes-nous pas amenés à entrevoir l'inavouable manipulation de quelque(s) coterie(s) occulte(s) ayant tout à gagner d'instruire le peuple de croyances plutôt que de savoirs ? Toujours est-il que la situation est aussi injuste que révoltante.

Nous retrouvons plus au nord les paysages humides plus typiques de l’Amérique centrale. Nous nous prélassons quelques jours durant sur les berges du lac turquoise de Peten Itza, non loin de Tikal. Nous chindons cette illustre citadelle maya. Le site fait partie de ces endroits, dont le Machu Picchu est l'exemple absolu, où nous nous demandons si nous y allons par réel intérêt ou parce que le Lonely Planet a décidé que c'était un incontournable et qu'une poussée d'instinct grégaire parvient à nous en convaincre. Nous le classons dans la seconde catégorie et rendons visite à sa petite soeur Yahxa, nettement moins convoitée mais pourtant tout aussi jolie. C'est notre première rencontre avec la civilisation maya des origines. Nous partons pour une balade vespérale, escortés par les singes hurleurs jusqu'à la pyramide principale, promontoire idéal pour apprécier les jeux de la lumière déclinante sur la nature environnante.
Nous enjambons ensuite le Bélize, pays du Commonwealth laissé à l'abandon et faisons notre entrée au Mexique, deux semaines avant Laura et les copains qui nous rejoignent pour les Fêtes.

 

P1110665

P1110713

P1110858

P1110947

P1110966

P1110996

P1120097

P1120057

P1120051

P1120143

P1120181

P1120159

P1120215

P1120216

P1120254

P1120270

P1120328

P1120338

P1120350

P1120388

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 6 407
Publicité
Patagonia to Alaska
Nous sommes ici - We are here - Aqui estamos






Archives
Pages
Publicité