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Patagonia to Alaska
3 juillet 2016

L'Amazonie équatorienne

Passées les réticences du recours à quelque prestataire de services, nous nous laissons donc séduire par les charmes si singuliers de l'Amazonie. Quatre jours dans le parc national Yasuni en pleine forêt tropicale amazonienne sont programmés, accompagnés d'un guide, indispensable en terrain si hostile. Nous faisons route jusqu'à Coca, là où les embarcations prennent le relais des véhicules.
Les Andes ne sont pourtant pas loin mais nous changeons en trois coups de volant d'ambiance, de décors et de température! En chemin, nous faisons halte pour la nuit à Puerto Misahualli, antichambre de l'Amazonie. Il se trouve qu'on est dimanche et nous sommes donc très vite assaillis par les enfants du village. Dans une sorte de réflexe espagnol, nous nous en servons pour laver notre voiture. Dans un registre moins léger, ils nous confient que faute d'argent, ils sont contraints de jeûner les dimanches, figurant certainement parmi les rares écoliers à se réjouir de reprendre le chemin de l'école chaque lundi. C'est donc tout naturellement que nous partageons notre almuerzo avec eux.

La deuxième journée est éprouvante aussi bien physiquement que psychiquement. Nous apprenons à notre réveil qu'un gigantesque éboulement coupe la route que nous devons emprunter, tuant une dizaine de personnes. Nous sommes contraints de faire un détour conséquent, détail insignifiant quand on pense que partis trois jours plutôt, nous aurions certainement figuré au nombre des morts. Nous nous pensions à l'abri sur cet autre tronçon mais il n'en est rien. Après quelques kilomètres, nous sommes immobilisés en raison d'un accident mortel. Suite aux pluies diluviennes de ce mois de juin, la montagne dégueule de partout. Nous sommes vraiment tendus. Nous arrivons finalement  à bon port sains et saufs, mais pas au bout de nos angoisses. Ce n'est qu'une fois à l'entrée du parc que nous prenons conscience que notre entreprise revêt un côté un peu téméraire. Les Huaoranis qui occupent la réserve, autrefois réunis au sein d'une seule et même tribu sont depuis l'arrivée des premiers missionnaires en 1942 et sur fond d'obédience divergente quant à l'accueil à réserver aux compagnies pétrolières aussi bien qu'au tourisme sont divisés en deux clans. Les familles pacifiées (le peuple huaorani est constitué de familles isolées réparties sur un vaste territoire) tolèrent la présence d'autrui tandis que les "sauvages" refusent tout contact avec "la civilisation". Entrer sur le territoire, c'est signer son arrêt de mort. Hostiles et impitoyables, ils ont récemment occis des employés du pétrole et kidnappé deux enfants. Deux mois plus tôt, deux arborigènes qui venaient de ramener des touristes subissaient le même sort funèbre. On nous dit donc d'être très prudents. Merci, mais on s'y prend comment exactement? Une intuition subliminale nous invitant à renoncer à cette escapade émerge alors, jusqu'à ce qu'une brochure nous indiquant comment réagir en cas d'attaque nous soit fournie. Suffisait de demander! De plus, les cinq potes grisons qui nous accompagnent étant fraîchement formés de la meilleure armée du monde nous n'avons plus aucune raison de nous faire du mouron. Force est toutefois d'admettre que face à la constitution trapue et musculeuse de ces indigènes, nous ne pesons vraiment pas lourd! Nous découvrons ensuite la pirogue qui doit nous permettre de pénétrer les inquiétants abysses de la forêt échouée au fond du lit limoneux du rio en raison des récentes inondations. Nos biceps sont mis à contribution des heures durant. Notre mauvais pressenti de départ finit de se convertir en véritable axiome. Par esprit de contradiction, nous relevons malgré tout le défi et nous perdons rapidement sous la canopée.

Le soir, nous installons notre campement dans une communauté pacifiée (ai-je besoin de le préciser?). Nous sommes surpris de découvrir des gens vêtus d'habits conventionnels. Ils nous expliquent dans leur langue (ils ne parlent ni espagnol ni quechua, pour n'avoir jamais rencontré ni les uns ni les autres) qu'à l'exception de ceux vivant dans les tribus les plus reculées et sauvages, les indiens d'Amazonie au contact de la civilisation en ont subi l'influence et ne vêtent leurs "costumes" (ou plutôt leur tenue d'Adam) plus que les jours de fête.
Pour autant, quand nous apprenons qu'ils s'entretuent régulièrement à coup de lances et de sarbacanes entre clans ennemis, nous sommes rassurés sur la pérennité de leurs moeurs. On nous fait comprendre que nous réagissons avec notre sensibilité d'occidentaux. Chez eux, la mort d'un être, même le plus cher, n'éveille qu'une émotion aussi contenue que passagère. Après un souper et une veillée autour du feu, nous nous installons dans notre tente où nous attend une tarentule.
Nous réalisons lors de la visite d'une seconde communauté l'indigence dans laquelle ces gens vivent. On nous les décrit, à l'instar de toutes les autres communautés, comme peu intelligents. Nous cherchons à comprendre pourquoi ils ne sont jamais parvenus à évoluer. Il semblerait que dans un milieu si peu disposé à accueillir l'être humain, leur quotidien ne peut qu'être exclusivement dévolu à la recherche - souvent infructueuse - de nourriture. IIs n'ont simplement pas de temps à consacrer à l'instruction, que personne n'est de toute façon en mesure de transmettre. Seule importe la transmission des savoirs prosaïques nécessaires à leur survie (techniques de chasse, de pêche ainsi que des connaissances médicinales). On peut dès lors concevoir que réflexions métaphysiques ou religion ne soient pas au centre de leurs préoccupations.
Puis nous partons à la pêche aux piranhas. Une seule personne de l'équipe (par déduction, pas Guillaume) en pêche un. Ses dents de requin blanc, toute proportion gardée, sont à la hauteur de sa réputation. A la nuit tombée, c'est à la chasse aux caïmans que nous partons. Notre guide, d'un saut habile et leste en attrape rapidement un. Ce n'est pas le crocodile du Nil mais du fait de son agressivité, il nous faut le manipuler con mucho cuidado. Audrey l'apprend à ses dépens.
Une fois de plus, dauphins de rivière, anacondas et jaguars manquent à l'appel. Pour autant, nous quittons l'Amazonie ravis d'avoir pu vivre une expérience unique, au milieu d'un écosystème sans pareil et au contact de ses fascinantes populations.

Pour se faire une meilleure idée, une magnifique vidéo : http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/02/05/une-tribue-amazonienne-isolee-filmee-pour-la-premiere-fois_1475831_3244.html

Parc Yasuni

Parc Yasuni

Parc Yasuni

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Commentaires
J
Quelle aventure!!!Merci pour ces magnifiques moments de lecture.<br /> <br /> Profitez bien de ce passionnant voyage et soyez quand même très prudents .<br /> <br /> (Merci beaucoup pour votre carte 😚<br /> <br /> Bonne suite <br /> <br /> Christian et Jeannine
L
C'était passionnant à lire! Magnifique la photo d'Audrey maquillée et Guillaume avec les enfants!
M
Corrections de la dernière phrase : j en n'aurai pas dormi (Guillaume n a pas encore vu la faute)
M
Je vais offrir à Emilie un bon de voyage pour l Amazonie.......Sûre qu'après les petites araignées de Branson vont lui paraitre fort sympathiques!<br /> <br /> Et heureusement que Guillaume n'écrive pas son récit en direct, j'en aurai pas dormi.
B
J aurais jamais osé aller dans la jungle avec toutes ces petites bêtes...😰<br /> <br /> Profitez bien de ces moments de liberté et prudence quand même.<br /> <br /> A bientot
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